" La vulnérabilité des choses précieuses est belle parce que
la vulnérabilité est une marque d'existence." Simone Veil
Revenir à l'essentiel C’est souvent lorsque l’on est dans une forme d’urgence que la vie prend tout son sens. On réalise alors que l’on a perdu du temps et de l’énergie à se consacrer à des choses inutiles et futiles. Seulement, une fois que l’on se trouve au crépuscule de sa vie, l'on se rend compte de la portée de ce qui aurait pu être autrement. Et c’est là que les choses importantes nous sautent au visage, elles nous apparaissent comme dans une ultime illumination. Avec la situation inédite que nous sommes en train de traverser, nous vivons un bouleversement intérieur et collectif qui nous chamboule et nous oblige à nous recentrer sur ce qui compte. Nous revenons à l’essentiel en retrouvant l’instinct de survie, notion qui nous était devenue étrangère dans ce monde grouillant sans danger imminent si ce n'est l'avenir de la planète, mais qui apparaissait bien trop lointain pour interpeller toute l'humanité. Nous étions nombreux à avoir même perdu le sens des actions que nous entreprenions.
La vulnérabilité, révélatrice de notre humanité
Être confronté à des conditions extrêmes nous met face à notre vulnérabilité, à ce qui nous rend plus sensibles, à ce qui nous fragilise. Cela met en lumière nos imperfections, ce que nous ne maîtrisons pas, cela nous éloigne de cette perfection que nous recherchons parfois, malgré nous. Pourtant en cette vulnérabilité, se nichent de véritables trésors.
En chaque individu, accéder à ces imperfections cachées le rend simplement humain et façonne son être de manière unique. Ses erreurs de parcours, ses échecs, ses hontes, ses fragilités, toutes ces choses font écho à nos propres imperfections et c'est précisément cet écho qui nous permet de rentrer en lien plus profond l'un avec l'autre.
Sans imperfection, sans vulnérabilité, il n’y a pas de vécu, il n'y a pas d’âme.
Le confinement propice pour retrouver du sens
Plus que jamais, nous sommes confrontés à nous-mêmes, à nos proches, sans filtre.
Sans la vie sociale extérieure, nous vivons un huis-clos qui exacerbe les tensions, les difficultés, mais qui permet aussi de vivre pleinement les moments partagés, ces instants sublimés où l’on savoure des choses que l’on ne voyait même plus. Dans le quotidien de l’urgence où chaque jour était une course folle pour exécuter des tâches les unes après les autres, ce marathon sans réelle ligne d’arrivée, si ce n’était le coucher du soir pour recommencer indéfiniment chaque jour, comme Sisyphe avec son rocher...
Les circonstances de ce confinement, cette lenteur qui nous est imposée, cette unité d’espace, nous obligent à nous questionner au plus profond de nous-mêmes sur ce qui compte, sur ce qui a du sens et nous incite à aller toucher du doigt ce qui nous dérange, ce qui nous travaille. Nous allons explorer du côté de l’essentiel, du fragile, et il n’est pas toujours confortable de toquer à la porte de cette vulnérabilité qui est là, tapie dans l’ombre.
Le quotidien nous dépasse tous...
Il est certain que s’improviser maître.sse d’école et faire la classe à ses enfants de la maison en parallèle de son activité professionnelle n’est pas la chose la plus évidente qui soit. Cuisiner pour toute la famille à tous les repas sans répit, sans pouvoir se faire livrer des sushis de temps en temps ou aller au restaurant, ce n’est pas toujours simple. C'est même parfois difficile et cela génère parfois des émotions qui nous dépassent : de la colère, de la tristesse, de la culpabilité, de la honte… Mais nous ne sommes que des êtres humains et faisons le maximum avec les moyens qui nous sont donnés en ce moment précis. Chacun(e) a le droit d’être dépassé(e), désespéré(e) par une situation complexe, qui pousse à bout, mais ce qui compte, c’est de réussir à l'accepter et à se pardonner pour mieux redescendre et reprendre le cours de sa vie plus tranquillement.
Révéler ses ressources Ce contexte contraint est aussi un magnifique révélateur de tout ce que nous sommes capables de faire. Nous avons une capacité d’adaptation immense, nous sommes plein de ressources, dont certaines cachées. C’est une fierté d’accomplir des choses nouvelles auxquelles nous n’étions pas habitué(e)s auparavant, mais aussi l'occasion de sortir de notre zone de confort une fois de plus, et de développer notre créativité... Oserais-je avouer que ce sont mes premières crêpes, ma première tarte aux pommes, réalisées avec mes enfants ? Mes talents de pâtissière vont peut-être bientôt éclore grâce à ce confinement ?
Cultiver sa vulnérabilité Et si le secret, c'était d'aller chercher sa vulnérabilité, ses imperfections, de les accueillir, de les chérir, et de les cultiver ? Elles sont vos plus belles richesses intérieures, elles sont ce qui fait votre différence, votre singularité. En les acceptant, un jour ou l’autre, ces fragilités, ces failles, pourront devenir cette scintillante lumière qui vous donnera la force inouïe d’accomplir ce que vous n’auriez jamais pensé possible...
Comments